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Daniel Jault, médecin girondin et conseiller général socialiste, a participé à la deuxième autopsie du corps de Robert Boulin, exhumé en 1983 à la demande de la justice.


En 2009, il répond à France Inter et évoque le visage tuméfié du ministre, victime notamment d'une fracture du maxilaire supérieur gauche "de son vivant". Il dénonce aussi des erreurs dans la première autopsie.


"Ce qui nous a frappés, c'est que tout avait été vidé, le corps avait été parfaitement embaumé."


Dans leurs conclusions, les légistes bordelais restent prudents et ne se prononcent pas formellement sur l'origine du décès. Mais entre eux, Daniel Jault l'affirme, les légistes estiment être "en présence d'un meurtre ou d'un assassinat".


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Quelques jours après la mort de Robert Boulin, Eric Carlsberg (à l'époque membre du Grand conseil de Bordeaux) est présent lorsque le maire Jacques Chaban-Delmas reçoit l'une des lettres posthumes attribuées au ministre, dans laquelle il annonce son suicide.


"Je l'ai vu blémir."


À peine le courrier ouvert, Chaban-Delmas lui aurait affirmé que la lettre était un faux et que Robert Boulin avait été assassiné. Eric Carlsberg assure que le maire de Bordeaux lui désigne alors la signature du ministre. Elle comportait selon lui un mention secrète utilisée par les deux hommes dans la Résistance, un message caché censé faire comprendre à Chaban-Delmas que la lettre est un faux.


Cliquez pour écouter le témoignage d'Éric Carlsberg

En 2013, France Inter diffuse le récit d'un nouveau témoin, que nous avons rencontré à plusieurs reprises et dont nous avons pu vérifier la crédibilité.


Il affirme avoir croisé la voiture de Robert Boulin. Mais le ministre n'était pas seul : il était accompagné de deux individus, et l'un d'eux conduisait le véhicule.


"J'ai reconnu monsieur Robert Boulin assis à l'avant"


Il était environ 17h, selon le témoin. Or les expertises médico-légales de l'époque sont formelles : Robert Boulin a trouvé la mort entre 18h et 20h.


Cliquez pour écouter les précisions de Benoît Collombat

En 1992, la justice conclut à un non-lieu, neuf ans après la plainte de la famille Boulin pour "homicide volontaire". En 2007, sa fille Fabienne Boulin réclame l'ouverture d'une information judiciaire sur la base de nouveaux éléments, mais cette requête sera refusée par Laurent Lemesle, procureur général de la Cour d'appel de Paris, et ex-conseiller  de Jacques Chirac pour les affaires de justice.


Une partie des scellés perdue puis retrouvée


En 2010, c'est le procureur général François Faletti qui refuse à nouveau de réouvrir l'enquête. On découvre alors qu'une partie des scellés judiciaires, pourtant conservés dans un coffre, a disparu. Après une enquête administrative, on finit par les retrouver.


De son côté, la CIA a toujours refusé de "déclassifier" le dossier Boulin, pour les raisons de "politique étrangère".

(Crédit photo : Michel André / Maxppp)